Derrière sa frimousse amusante et ses allures de petit bandit masqué, le raton laveur cache une réalité bien moins charmante. Ce mammifère originaire d’Amérique du Nord, longtemps perçu comme un animal mignon et inoffensif, est aujourd’hui classé en France l’une des espèces exotiques les plus envahissantes. Son expansion fulgurante inquiète les scientifiques autant que les particuliers. Impossible d’en connaître le nombre exact, mais les estimations évoquent désormais plusieurs dizaines de milliers d’individus, avec une concentration majeure dans le nord-est du pays. C’est là qu’il s’est implanté dans les années 1950, introduit, pas toujours accidentellement, par des militaires américains de l’OTAN qui en faisaient parfois des animaux de compagnie. Sur les quelque 12 000 espèces exotiques recensées en Europe, seulement 1 % deviennent réellement problématiques, rappelle Jean-François Maillard, chercheur à l’OFB, et le raton laveur figure malheureusement dans cette catégorie. Très opportuniste, capable de s’installer en forêt comme en zone urbaine, de grimper, nager, fouiller ou crocheter des fermetures, il s’adapte à tous les environnements. Sur la faune sauvage, son impact est préoccupant : prédateur habile, il consomme aussi bien des oiseaux nicheurs que des amphibiens. Si, dans son milieu d’origine, le raton laveur doit composer avec de nombreux prédateurs, il n’en a pas chez nous. Sa population ne cesse donc d’augmenter et sa reproduction, rapide, associée à son intelligence et à son opportunisme alimentaire, rend sa gestion complexe. Les scientifiques insistent : sans action coordonnée, sa présence pourrait profondément transformer certains milieux naturels.