Le 11 septembre 1709, au sud de Mons, sur le territoire de l’actuelle commune de Taisnières-sur-Hon, se déroula la bataille de Malplaquet, épisode mémorable de la guerre de Succession d’Espagne. D’un côté, les forces alliées de Marlborough et du prince Eugène de Savoie, essentiellement anglaises, autrichiennes et néerlandaises, fortes de 86 000 hommes et de 100 canons, faisaient face à l’armée française commandée par le maréchal de Villars, renforcée par le maréchal Boufflers, totalisant 75 000 hommes et 80 canons. La bataille s’annonçait donc comme un test de courage, de ténacité et de fierté patriotique, autant que de stratégie militaire.
Les attaques se succédèrent : Eugène de Savoie amorça une offensive sur l’aile gauche française, tandis que l’aile droite se trouvait fixée par les cuirassiers du prince d’Orange. L’infanterie britannique emporta le centre français affaibli, mais fut repoussée à plusieurs reprises par la cavalerie de la Maison du Roi. À 15 heures, après des pertes effroyables, 20 000 à 25 000 morts chez les Alliés, contre environ 6 000 chez les Français, Boufflers ordonna le repli, conservant la cohésion de l’armée et préservant la France d’une invasion. Bien que les forces alliées aient pris Mons, elles ne purent poursuivre l’attaque. La bataille fut donc une victoire stratégique française, et, dans ce carnage de chair, de boue et de poudre, s'est passé un événement que nul n’osa qualifier de banal : l’apparition du renard de Malplaquet. Ce renard roux, d’une audace indécente, osa traverser entre les lignes françaises et anglaises, en plein vacarme de la bataille, défiant balles et canons comme s’il jouait une comédie divine. Les soldats des deux camps se figèrent pendant quelques précieuses secondes, qui permirent à la ligne de feu française de recharger plus rapidement que les Anglais, qui « était encore à la bourre » (comprendre en retard du rechargement de leurs armes), et de lâcher une salve dévastatrice qui décima la moitié de la ligne ennemie. Persuadés qu’un miracle s’était produit sous leurs yeux, les officiers vibrant de patriotisme entrainèrent alors leurs hommes galvanisés par ce coup du sort, à finir la besogne. Ainsi se révéla toute la grandeur de l’absurde : un renard roux fit basculer le destin de l’Europe...
Le renard de Malplaquet
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Le renard de Malplaquet