Instinct ou intelligence ?
L’aptitude du sanglier à déjouer les pièges des chasseurs est évidente et remarquable, les chasseurs le constatent à chaque battue. « Le sanglier dispose de moyens intellectuels très développés, et a une faculté presque humaine de raisonner logiquement » affirmait Snethlage. C’est sans doute exagéré, mais il n’empêche que la bête noire fait preuve quelquefois d’une improvisation ingénieuse. Dans ses déplacements en compagnie « allant d’assurance », l’ordre de marche habituel est le suivant : la plus vieille laie est en tête. Très près, mais derrière elle, le gros de la troupe avec les bêtes de compagnie, les bêtes rousses et les marcassins. Sur les côtés, encadrant la troupe ainsi que les arrières-flans les bêtes de garde « en méfiance ». Lors d'une battue, si les animaux sont fuyants, ils se feront tirer surtout sur le front. Les bêtes de garde refuseront la ligne, quitteront les flancs, et comme elles se donnent rarement aux chiens, elle se déroberont volontiers seules, pour rejoindre, bien plus tard, les rescapés de la compagnie.
Conseils pour la battue
- Inutile de traquer une enceinte où les forestiers ont pratiqué des dégagements en laissant à terre toutes les mini-branches coupées. Elle sera probablement vide de ces animaux.
- La coulée du rembucher, dite « poste d'honneur » : il est bien rare qu’un grand sanglier vienne y sortir. En revanche, les fourrés épais à proximité des coulées fréquentées au point de ressembler à des sentiers, seront bien plus surs.
- En hiver, par temps froid mais beau soleil, les sangliers aiment se remettre dans les hautes herbes sèches et dans les pentes exposées au sud.
- Bien mené par des chiens rapides, le sanglier ne pourra tenir compte du vent, s’il a peu d’avance. Dans ces conditions et quel que soit
l’endroit où vous serez placé, vous aurez toutes vos chances. Une raison de plus de rester vigilants…
- Généralement, le chef de ligne qui vous place vous indique l'endroit à occuper et à garder. Installez-vous confortablement, situez vos voisins et déterminez vos créneaux de tir. Au besoin aménagez votre poste. Un filet de camouflage disposé en paravent ne vous fera déceler par le sanglier qu’au dernier moment. Vous aurez donc gagné des précieux mètres pour tenter d’arrêter le grand mâle…
- Si on vous place sur un étroit layon entre deux fourrés épais, faites en sorte de n’avoir à surveiller que votre côté gauche (si vous êtes droitier). Vous gagnerez encore quelques dixièmes de précieuse seconde pour mettre en joue et ajuster votre tir.
- Enfin, ce petit conseil aux traqueurs : moins les rabatteurs sont bruyants, mieux ils mettent des animaux sur pied et vous gagnerez toujours à fouler les enceintes où des animaux sont remisés. Il faut donc faire le pied. Attaquer à la billebaude des enceintes rapprochées fera vider les lieux à la compagnie qui était dans les parages. Préférez donc la journée continue. Commencez par déjeuner pendant que les « hommes du pied » feront le bois… et en fin de matinée, vous serez en mesure d'attaquer des remises sûres.