Une organisation sans faille

Alors qu’il fait à peine jour, une bonne vingtaine de panneaux signalant une chasse en cours ont déjà été installés par le garde. Les chasseurs se retrouvent ce samedi 13 décembre dans le hangar aménagé d’une ancienne ferme, au 7 rue du Gibier à Schirlenhof. Un épais brouillard, particulièrement tenace, enveloppe la campagne et ne nous quittera pas de la journée. Le secrétaire-trésorier Philippe Reisacher enregistre les participants, tandis que les rabatteurs partagent un café autour d’un grand feu de bois allumé dans la cour. Vingt-cinq chasseurs seront postés, répartis en cinq groupes, chacun conduit par un responsable chargé du placement à l’aide d’une carte. Tous les postes sont installés sur miradors : 37 miradors de battue jalonnent le territoire, positionnés sur les principales voies de fuite. Le rabat est divisé en trois secteurs distincts. Un coup discret de pibole annonce le briefing. Alain Weber présente la journée et rappelle des consignes de tir volontairement ouvertes sur le chevreuil et le sanglier. La fin de chasse est fixée à 12 h 30 précises. Bruno Keiff précise ensuite les règles de sécurité : respect strict de l’horaire, vigilance accrue lors de la montée et de la descente des installations rendues glissantes par l’humidité, tir limité à 30 mètres, obligatoirement fichant, et interdiction formelle de tirer dans les secteurs balisés par des flèches rouges. Chaque tir réussi devra faire l’objet d’un compte rendu destiné à l’enquête de l’ANCGG sur l’efficacité des munitions.

 

Affût matinal : observations, tirs et résultats

Emmené par Bruno, je suis posté sur un mirador d’affût dominant une prairie encadrée de deux bandes boisées, où les coulées sont nombreuses. La montée se fait avec prudence, les barreaux étant particulièrement glissants. Je m’installe pour plus de trois heures d’affût. À 9 h 40, une silhouette de chevreuil apparaît dans le brouillard, sans possibilité d’identification ni de photographie. À 10 h, un coup de carabine retentit, puis un autre vers 11 h. Les traqueurs se rapprochent. Un nouveau tir, puis un second dix minutes plus tard, au même poste. Fritz, traqueur, m’apprend ensuite qu’un sanglier a été prélevé et qu’un renard a été manqué. À 12 h 30, je quitte mon poste. Au rendez-vous de chasse, le garde Ludovic, aidé de son entourage, s’affaire déjà au traitement des carcasses. Le tableau final compte un sanglier et cinq chevreuils, dont une chevrette à pivots, pour 11 balles tirées. Les observations font état de 12 chevreuils, un lièvre et 24 sangliers vus. Les brisées sont remises, avant le baptême de Lucas Ortiz, jeune chasseur ayant prélevé son premier chevreuil. La matinée se conclut, dans une ambiance chaleureuse et typiquement alsacienne, autour d’un pot-au-feu de cerf, malgré un brouillard qui persistera jusqu’au lendemain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La bataille de Reichshoffen (6 août 1870)

Le 6 août 1870, la région de Reichshoffen et de Gundershoffen, en Alsace du Nord, est le théâtre de l’un des premiers grands affrontements de la guerre franco-prussienne. Cet épisode, souvent désigné sous le nom de « bataille de Reichshoffen », s’inscrit en réalité dans un ensemble de combats plus vastes, connus sous le nom de bataille de Froeschwiller-Wœrth, opposant l’armée française du maréchal Patrice de Mac Mahon aux troupes prussiennes et bavaroises commandées par le prince héritier Frédéric-Guillaume. Dès les premières heures du 6 août, les forces allemandes lancent une offensive massive contre les positions françaises établies sur les hauteurs dominant les villages de Wœrth, Frœschwiller et Reichshoffen. Malgré une résistance acharnée de l’infanterie française, les unités allemandes, supérieures en nombre et en artillerie, progressent méthodiquement. Pour tenter d’enrayer cette avancée, plusieurs charges de cavalerie sont ordonnées, notamment celles des cuirassiers français, restées célèbres pour leur bravoure et leur caractère sacrificiel face aux armes modernes. Ces charges, menées en terrain découvert contre une infanterie appuyée par l’artillerie, causent de lourdes pertes sans pouvoir inverser le cours de la bataille. En fin de journée, l’armée française est contrainte à la retraite, laissant le champ de bataille aux troupes prussiennes, qui remportent une victoire décisive. Cette défaite ouvre la route de l’Alsace et marque un tournant stratégique majeur dans le conflit. La région conserve de nombreux témoignages de ces combats. À Schirlenhof, une stèle commémore l’échauffourée de juillet 1870 où fut tué le premier soldat allemand de la guerre. En forêt, un monument rend hommage au capitaine Malraison, mort le 6 août 1870. Ces lieux de mémoire rappellent aujourd’hui la violence des combats et l’ampleur du traumatisme laissé par cette bataille fondatrice de la guerre franco-prussienne.