Le petit journal de deux indissociables : la chasse et l'environnement

Le rut du sanglier : entre biologie, légendes et stratégies naturelles

Les premiers signes du rut du sanglier sont visibles... Les compagnies se reforment, et les prétendants gravitent autour des laies, formant une constellation de mâles « satellites », prêts à intervenir dès que les femelles seront réceptives. Les jeunes, encore inexpérimentés, attendent prudemment qu’un vieux quartanier distrait leur laisse une chance. Chez les mâles dominants, les affrontements sont fréquents, spectaculaires et souvent violents : coups de boutoirs, grondements sourds et poursuites témoignent de la vigueur et de la hiérarchie du groupe. Durant cette période, l’organisme du sanglier mâle est en ébullition hormonale. Ses testicules, logés dans un scrotum externe, assurent la production des spermatozoïdes et de la testostérone, hormone clé du comportement reproducteur et du développement musculaire. Fait rare chez les mammifères, le sanglier sécrète également une petite quantité de DHEA, une hormone stéroïde que l’on retrouve habituellement chez l’homme et les grands singes : un mystère biologique encore inexpliqué. La fécondation, interne comme chez tous les mammifères, conduit à un développement embryonnaire vivipare : les fœtus se nourrissent directement grâce à la vascularisation utérine de la laie. Les performances reproductrices du mâle sont remarquables : il peut émettre jusqu’à 250 ml de sperme par saillie, soit près de cent fois plus qu’un homme. De tels exploits ont nourri, au fil des siècles, un folklore rural foisonnant : testicules séchés, bile ou urine de sanglier étaient jadis vantés pour leurs prétendues vertus aphrodisiaques, reflet d’une fascination ancestrale pour la force de l’animal. Au-delà du mythe, la science a mis en lumière une réalité tout aussi fascinante : la paternité multiple. Des recherches génétiques menées par l’ONCFS en forêt d’Arc-en-Barrois ont révélé que plus de 60 % des portées de laies proviennent de plusieurs mâles. Chaque femelle s’accouple, en moyenne, avec deux à trois partenaires durant le rut, favorisant ainsi une descendance génétiquement diversifiée. Cette polyandrie améliorerait la survie et la robustesse des marcassins, même si le poids et la taille des fœtus n’en dépendent pas directement. La fécondité des laies varie enfin selon les conditions écologiques : les années de forte glandée, riches en fruits nutritifs, stimulent leur reproduction. Les chercheurs ont compté jusqu’à 8 corps jaunes par laie lors des bonnes saisons, contre 4 les années pauvres. Ces glands, riches en lysine, améliorent aussi la lactation, garantissant aux marcassins une croissance rapide et vigoureuse. Symbole de puissance et de vitalité, le sanglier incarne à la fois la force brute et la complexité du monde sauvage. Entre comportements instinctifs, stratégies adaptatives et mythes humains, le rut demeure un spectacle saisissant d’équilibre entre nature et culture.


La chasse française : une culture en déclin politique ?

Depuis une quarantaine d'années, la chasse en France subit un recul symbolique et institutionnel. Jadis pilier de la ruralité, héritage d’une tradition millénaire liant l’homme à la nature, elle est aujourd’hui marginalisée dans le débat public. Ce déclin s’explique en partie par un choix politique fondateur : celui de ne pas l'avoir rattachée au ministère de l’Agriculture, mais de l’avoir laissée dans les mains du ministère de l’Environnement, où elle s’est retrouvée confrontée à des logiques souvent hostiles. De Brice Lalonde à Monique Barbut, en passant par tous les ministres de cette transition écologique (Ségolène Royal, Michel Barnier, Corinne Lepage, Dominique Voynet, Yves Cochet, Roselyne Bachelot, Serge Lepeltier, Nelly Olin, Alain Juppé, Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, François Fillon (ministre en charge), Nicole Bricq, Delphine Batho, Philippe Martin, Ségolène Royal (de nouveau), Nicolas Hulot, François de Rugy, Élisabeth Borne, Barbara Pompili, Amélie de Montchalin, Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher), rares sont ceux qui ont défendu la chasse. La plupart ont adopté une posture distante, au mieux neutre, mais le plus souvent, ouvertement critique. Cette succession de responsables politiques, pour beaucoup issus ou proches du mouvement écologiste, a contribué à déconnecter la chasse de ses fondements historiques, culturels et écologiques. La chasse, pourtant, a longtemps été un acteur central de la préservation des milieux naturels. Les chasseurs, par leur connaissance du terrain et leur attachement à la biodiversité, ont été les premiers à alerter sur la dégradation des habitats, la raréfaction du gibier ou les excès de la modernisation agricole. Mais l’écologie politique contemporaine tend à occulter cette réalité. Aux yeux de nombreux militants, la chasse symboliserait un monde ancien, patriarcal et violent, incompatible avec la modernité verte. Ce discours manichéen oppose artificiellement les « défenseurs de la nature » aux « destructeurs », alors que l’histoire montre que ces deux mondes furent longtemps liés...

[ LIRE LA SUITE... ]


Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize au Musée de la Chasse et de la Nature, jusqu'au 8 mars 2026

Nés en 1978 et 1980, Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize forment depuis 2006 un duo d’artistes installé à Bobigny. Leur pratique hybride mêle dessin, céramique, textile et objets dans un esprit de collage foisonnant. Inspirés à la fois par l’histoire de l’art, les savoir-faire artisanaux et la culture populaire, ils revendiquent une approche libre et narrative où se brouillent les frontières entre art et artisanat, entre objet et image. Héritiers du mouvement Arts & Crafts anglais et du courant français de L’Art dans Tout, ils partagent l’ambition de réconcilier beaux-arts et arts décoratifs et d’embellir le quotidien. Leur travail a été présenté dans de nombreuses institutions en France et à l’étranger, notamment au Drawing Lab, au Grand Café de Saint-Nazaire, au Frac Normandie Caen et au Drawing Center de New York. Le Musée de la Chasse et de la Nature leur offre aujourd’hui un terrain idéal avec l’exposition « La licorne, l’étoile et la lune ». Longtemps familiers de ce lieu, les artistes y font dialoguer leurs œuvres, dont une majorité, inédites, avec les collections permanentes. L’exposition puise dans deux sources littéraires : le Bestiaire d’amour de Richard de Fournival et Les Grenouilles d’Aristophane, dont ils extraient un univers à la fois érudit et burlesque. Le titre, emprunté à l’imaginaire médiéval, condense trois symboles récurrents dans leur œuvre : la licorne, créature mythique ; l’étoile, signe du cosmos ; et la lune, guide des cycles naturels. Les Lamarche-Ovize transforment le musée en un environnement immersif où humains et non-humains cohabitent. Dessins, céramiques, faïences, films d’animation et mobiliers composent une forêt imaginaire peuplée d’animaux, de figures hybrides et de formes abstraites. Tapisseries, trophées et meubles anciens deviennent les partenaires d’un dialogue vivant entre art ancien et création contemporaine. Dans la salle du Cerf et du Loup, une tapisserie du XVII siècle est réinventée grâce à des broderies réalisées avec Macon & Lesquoy, transformant la scène de chasse en paysage fabuleux. Plus loin, des céramiques figurent des sorcières, gardiennes des savoirs occultés, évoquant la fusion entre humain, végétal et animal. Pensée comme une expérience participative, l’exposition invite le visiteur à prolonger le récit : dans la salle de la forêt, une œuvre évolue grâce à des ateliers où les enfants ajoutent leurs propres animaux. La licorne, l’étoile et la lune propose ainsi un monde poétique, critique et joyeux, où les symboles du pouvoir se renversent au profit d’une célébration du vivant et de l’imaginaire.


Le CIC condamne la suspension des quotas de chasse au chevreuil en Roumanie

Le Conseil international de la chasse et de la conservation de la faune sauvage (CIC) et la Fédération européenne de la chasse et de la conservation de la nature (FACE) ont exprimé leur vive inquiétude face à la récente suspension des quotas de chasse au chevreuil en Roumanie. En collaboration avec l’Association nationale roumaine de chasse (AGVPS), ces organisations estiment que cette décision pourrait provoquer des déséquilibres importants dans les forêts, générer des dommages aux cultures, augmenter les risques sur les routes et affecter négativement les populations de chevreuils elles-mêmes. Cette suspension fait suite à une décision de justice de Brașov concernant la gestion des quotas, qui met l’accent sur le bien-être des animaux individuels plutôt que sur la régulation des populations. Or, la gestion de la faune sauvage vise précisément à maintenir des populations saines et des écosystèmes équilibrés. Sans intervention, les chevreuils peuvent dépasser la capacité de charge de leur habitat, provoquant un broutage excessif, la dégradation des forêts et un affaiblissement des individus eux-mêmes, avec une baisse de poids, de fertilité et de survie. Le chevreuil est le cervidé le plus répandu en Europe, de l’Ibérie à la Scandinavie et à l’Europe de l’Est. Ses populations ont fortement augmenté au cours des dernières décennies, passant de 1,7 million d’individus prélevés dans les années 1980 à 3,7 millions aujourd’hui selon le rapport FACE 2025. Des scientifiques roumains signalent que, dans certaines zones, la densité de chevreuils dépasse trois fois la capacité du territoire, entraînant la disparition de jeunes chênes, frênes et sapins et menaçant la biodiversité, le stockage du carbone et la qualité du bois. Les impacts dépassent les forêts : les agriculteurs voient leurs cultures endommagées, et le risque d’accidents de la route impliquant des chevreuils augmente. Comme le souligne le WWF Roumanie, la gestion de cette espèce commune devrait s’appuyer sur des principes scientifiques vérifiables et des décisions locales adaptées. La chasse représente également un pilier économique pour les zones rurales, générant des revenus pour les gardes-chasse, les forestiers et les entreprises locales. La suspension des quotas prive ces communautés de ressources essentielles tout en augmentant les coûts liés aux dégâts de la faune. Le CIC et la FACE, avec l’AGVPS, appellent les autorités roumaines à rétablir une gestion durable des populations de chevreuils, fondée sur la science et conforme aux engagements européens de conservation, garantissant à la fois la biodiversité et le bien-être des communautés locales.


Quand l’armurier se vantait de vendre les meilleures chevrotines du monde...

Nous sommes en 1947. Après huit années de « presque » tranquillité cynégétique, le gibier était redevenu abondant dans les forêts du grand Est de la France. Celles de Haute-Saône n’échappaient pas à la règle et, dans quelques-unes qui bordent les Vosges et la Haute-Marne, les sangliers étaient présents en nombre. C’était la période où l’on ressortait les vieux fusils, qui étaient soigneusement cachés dans les caves, les greniers et même les annexes des bâtiments agricoles, plutôt rustiques à l’époque. Bref, la machine se remettait lentement en marche, chaque nemrod recherchant pour la chasse, tout ce qui pouvait envoyer une gerbe de plombs avec un minimum de risques. Les tubes des armes avaient souffert d’une claustration prolongée au cours de laquelle la rouille avait fait son œuvre, prélevant tous les ans un peu de ce précieux métal qui fait la solidité des canons et leur résistance au coup de feu. Mais, si les armes étaient farouchement recherchées, les munitions l’étaient aussi. Les balles ? N’en parlons pas ! D’une part, les canons affinés ne les auraient probablement pas supportées, d’autre part, elles n’étaient pas à la mode, et enfin, hormis les « grands » chasseurs qui allaient « guerroyer le gibier » en Afrique, elles ne faisaient pas partie de ces cartouches avec lesquelles on culbutait les sangliers. Seules les chevrotines comptaient. Avec elles, du 7 aux 28 grains, soigneusement rangées dans leurs étuis cartonnés, les bêtes noires avaient intérêt à durcir leur armure, avant de se la faire trouer...

[ LIRE LA SUITE... ]


Armes : la Commission européenne sermonne une nouvelle fois la France...

Les fonctionnaires de Bruxelles n’en ont décidément jamais assez. Après avoir épinglé la France sur la mise en œuvre du FINADIA (Fichier National des Intermédiaires d’Armes) puis critiqué les lenteurs du SIA (Système d’Information sur les Armes), la Commission européenne remet le couvert. Dans une nouvelle salve administrative, elle reproche à Paris de ne pas avoir correctement transposé la directive européenne sur les armes à feu. La France figure ainsi sur la liste peu enviable des pays rappelés à l’ordre, aux côtés de la Bulgarie, du Danemark et de Chypre. Bruxelles estime que ces États « n’ont pas transposé correctement les dispositions de la directive sur les armes à feu », une formule qui, dans le langage feutré de la Commission, équivaut à un sérieux blâme. Cette directive, adoptée par le Parlement européen et le Conseil le 24 mars 2021, vise à fixer des normes minimales d’acquisition, de détention et d’échange d’armes au sein de l’Union. Un texte fleuve de 47 considérants, 28 articles et 4 annexes, dont la complexité n’a rien à envier aux labyrinthes réglementaires bruxellois habituels. On y distingue minutieusement les catégories d’armes, les armes de spectacle, les conditions de neutralisation, les règles relatives aux collectionneurs, ainsi que les formalités administratives entourant la circulation transfrontalière. Mais selon la Commission, Paris n’aurait pas « coché toutes les cases ». Certains points de la directive, notamment ceux relatifs à l’échange d’informations entre États membres et au contrôle des détenteurs, seraient imparfaitement transposés dans le droit français. Autrement dit, l’exécutif européen reproche à la France de ne pas être un élève assez zélé dans l’application des consignes communautaires. Un nouvel épisode de la longue série opposant, d’un côté, une France qui se veut pragmatique dans sa gestion des armes légales, et de l’autre, une Commission obsédée par l’harmonisation normative et la traçabilité absolue. Une tension typiquement européenne, où se joue, encore et toujours, la question de la souveraineté réglementaire face à l’appétit de contrôle de Bruxelles.


Congrès de l’UICN 2025

Le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui s’est achevé hier à Abou Dhabi, a dressé un constat alarmant sur l’état de la biodiversité mondiale. L’organisation a publié une nouvelle édition de sa Liste rouge des espèces menacées, répertoriant désormais 172 620 espèces, dont 48 646 risquent l’extinction — soit près d’un tiers des espèces étudiées. Ce chiffre traduit une aggravation constante : un an plus tôt, la liste recensait 166 000 espèces, dont 46 337 menacées. Les groupes les plus touchés demeurent les coraux (44 % menacés) et les amphibiens (41 %). Globalement, la biodiversité terrestre continue de s’éroder sous l’effet de l’artificialisation des milieux, du changement climatique, de la pollution et de l’exploitation intensive des ressources naturelles. Selon l’IPBES, les indicateurs de biodiversité ont diminué de 2 à 6 % chaque décennie au cours des cinquante dernières années. Les oiseaux illustrent cette tendance : trois espèces sur cinq voient leur population décliner, principalement à cause de la destruction de leurs habitats liée à la déforestation, à l’expansion agricole et à l’exploitation forestière, notamment dans les zones tropicales d’Afrique, de Madagascar et d’Amérique centrale. Six nouvelles espèces ont été déclarées éteintes, dont la musaraigne de l’île Christmas et le courlis à bec grêle. Les phoques arctiques, dépendants de la glace marine pour leur reproduction, sont eux aussi menacés par la fonte accélérée des glaces...

[ LIRE LA SUITE... ]


Auxiliaire précieux des apiculteurs : la bondrée apivore

Depuis plusieurs années, le frelon asiatique (Vespa velutina) est perçu comme une menace pour la biodiversité européenne, en particulier pour les abeilles domestiques et sauvages. Mais une étude espagnole suggère qu’un rapace diurne, la bondrée apivore (Pernis apivorus), pourrait agir comme un nouveau prédateur naturel de cet envahisseur. Cette découverte nourrit l’espoir d’une régulation plus équilibrée de cette espèce invasive. On connaît la bondrée apivore comme un rapace insectivore, souvent comparé à une buse par sa silhouette en vol. Elle se nourrit principalement de larves, pupes ou nymphes d’hyménoptères sociaux (guêpes, bourdons, frelons), qu’elle extrait souvent par fouilles ou en détruisant les rayons du nid. Sa morphologie est adaptée à cette niche : des plumes très courtes et dures sur la tête, des paupières renforcées, des narines étroites qui limitent l’entrée d’insectes, et une bonne tolérance au venin. En Europe, la bondrée apivore est une migratrice : elle passe l’hiver en Afrique subsaharienne et revient au printemps pour nicher. Les travaux menés dans le nordouest de l’Espagne, notamment en Galice et dans les zones à plantation d’eucalyptus, montrent une corrélation entre la présence de la bondrée et la densité de nids de frelons asiatiques. Dans ces zones, les chercheurs ont observé que certains couples de bondrées peuvent détruire entre 15 et 60 colonies de frelons durant la saison de reproduction, voire plus dans certains cas. Cette prédation intervient particulièrement au printemps, au moment où les reines de frelons commencent à pondre, et en fin de saison, lors de la montée démographique des ouvrières. Les auteurs de l’étude intitulée « Encouraging native predators of invasive yellow-legged hornets: breeding habitat preferences of European honey buzzards in exotic Eucalyptus plantations » mettent en avant que les bondrées utilisent ces colonies comme source de nourriture pour nourrir leurs petits. Il ne s’agit pas d’une solution miracle : la bondrée apivore ne pourra pas éradiquer le frelon asiatique à elle seule. Son effectif est relativement modeste, puisque, en France, on estime la population à environ 20 000 couples, et chaque couple ne peut couvrir qu’une zone limitée. Cependant, l’étude propose que la bondrée devienne un acteur de la lutte intégrée : en favorisant l’habitat favorable à sa nidification (trous dans les vieux arbres, diversité des essences) dans les territoires envahis, on pourrait renforcer ce prédateur ailé et allié, mais faudra veiller à ce que les pratiques agricoles et forestières, ainsi que l’usage de pesticides, ne nuisent pas à ce rapace.


COP 30 : du 10 au 21 novembre à Bélem (Brésil)

La 30ème Conférence des Parties sur le climat (COP30) se tiendra du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, au Brésil. À l’approche de cet événement majeur, Sonia Guajajara, ministre brésilienne des Peuples indigènes, plaide pour un nouveau mécanisme de financement international en faveur de la protection des forêts tropicales. Ce dispositif, baptisé « Fonds Forêts Tropicales pour Toujours » (TFFF), sera officiellement lancé lors de la COP30. Son objectif est de récompenser les pays en développement qui préservent ou étendent leurs zones forestières, évaluées grâce à la télédétection satellitaire. Doté d’un budget prévisionnel de 125 milliards de dollars, le TFFF reposera sur un financement mixte : 100 milliards de capitaux privés et 25 milliards de fonds publics et philanthropiques. Fait inédit, 20 % des ressources seront directement destinées aux peuples autochtones et aux communautés locales, acteurs essentiels dans la protection des écosystèmes. « Il est crucial que l’Union européenne soutienne ce fonds, afin d’inciter d’autres pays à contribuer à la sauvegarde des forêts tropicales », a déclaré Sonia Guajajara. Le TFFF promet aux investisseurs des rendements attractifs issus d’un portefeuille diversifié d’actifs à revenu fixe. Son élaboration a bénéficié du concours de plusieurs institutions internationales, dont la Banque mondiale, la FAO, l’OCDE et le PNUD. Un comité international composé de six pays en développement (Brésil, Colombie, RDC, Ghana, Indonésie, Malaisie) et de cinq pays investisseurs (France, Allemagne, Norvège, Émirats arabes unis, Royaume-Uni) a été mis en place pour en définir la gouvernance. Le président Luiz Inácio Lula da Silva a confirmé une contribution initiale d’un milliard de dollars du Brésil, appelant d’autres nations à suivre cet exemple. Parallèlement, la COP30 mettra aussi à l’honneur l’hydrogène vert, pilier de la transition énergétique. L’Algérie, avec sa stratégie « Hydrogène 2040 », ambitionne de devenir un leader régional et mondial dans ce domaine. Son hydrogène, estimé à 0,98 dollar le kilogramme, figure déjà parmi les plus compétitifs au monde.


La bataille des pellets : un combustible qui divise les forêts françaises

En pleine transition énergétique, le pellet de bois s’impose comme une alternative de plus en plus populaire aux énergies fossiles. Ces petits granulés issus de sciure et de copeaux séchés chauffent près de deux millions de foyers français, auxquels s’ajoutent environ 3 000 chaudières collectives. La filière connaît une croissance rapide : la production nationale est passée de 200 000 tonnes en 2008 à 2 millions en 2024, pour un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros, et pourrait encore progresser en 2025. Cependant, cet essor économique s’accompagne de vives tensions sur le terrain. De nombreux projets d’usines se heurtent à des oppositions locales. Habitants, écologistes et professionnels du bois craignent une surexploitation des forêts et une industrialisation excessive des territoires. Dans le Jura, la société EO2 tente de relancer un projet annulé, tandis qu’à Guéret (Creuse), une manifestation de 3 000 personnes a contesté en 2024 l’installation d’une usine du groupe Biosyl, déjà implanté dans la Nièvre et en Haute-Loire. Ces tensions reflètent la raréfaction de la ressource forestière, aggravée par le changement climatique, les sécheresses répétées et la prolifération d’insectes ravageurs. Selon les experts et les professionnels du bois, il est indispensable de maintenir une hiérarchie des usages : d’abord le bois d’œuvre pour la construction, puis le bois industriel, et enfin le bois-énergie. Mais les industriels du secteur bois-énergie se défendent : aucune coupe rase n’est destinée à la production de granulés, précisant que : « Entre 70 % et 95 % de la matière première proviennent de coproduits de scierie (sciure, copeaux, plaquettes), et seulement 5 à 30 % de bois proviennent d’éclaircies ou de coupes sanitaires. D’un point de vue économique, il serait d’ailleurs absurde d’utiliser du bois d’œuvre, vendu environ 70 € le m³, pour fabriquer du bois-énergie, qui ne rapporte que 10 à 20 € le m³... ». Aujourd’hui, la filière du pellet représente 20 000 emplois directs et 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires global. La France compte 75 usines, dont 60 % intégrées à des scieries qui valorisent leurs sous-produits, 30 % de producteurs indépendants et le reste constitué de coopératives agricoles.


Le CIC participe au lancement du Partenariat pour les aires protégées d'Afrique

Le Conseil international pour la conservation du gibier et de la faune sauvage (CIC), en tant que membre du réseau de l'International Conservation Caucus Foundation (ICCF), a assisté au lancement du Partenariat pour les aires protégées d'Afrique, lors de l'Assemblée générale des Nations Unies. Cet événement a réuni des dirigeants mondiaux et a offert au CIC une précieuse occasion de nouer des contacts avec des chefs d'État africains, dont le soutien à l'utilisation durable reste indéfectible. Parmi les personnes présentes figuraient : S.E. Cyril Ramaphosa, Président de la République d'Afrique du Sud ; S.E. Duma Gideon Boko, Président de la République du Botswana ;          S.E. Daniel Chapo, Président de la République du Mozambique ; S.E. Ndemupelila Netumbo Nandi-Ndaitwah, Présidente de la République de Namibie. Le Partenariat, soutenu par la Fondation Rob Walton, vise à préserver 162 aires protégées essentielles en Afrique d'ici 2035, en s'appuyant sur la Stratégie de l'Union africaine pour la biodiversité et le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. Rob Walton, ancien président de Walmart et éminent philanthrope mondial de la conservation, a joué un rôle déterminant dans la mobilisation d'investissements massifs en faveur de la biodiversité et du développement communautaire. Le lancement a également été marqué par la présence du sénateur Chris Coons (D-DE), du membre du Congrès August Pfluger (R-TX) et du maire de New York Eric Adams, reflétant le large soutien à cette initiative. Tristan Breijer, directeur des communications et des affaires publiques, représentait le CIC, et était là pour assurer la liaison avec les partenaires internationaux du CIC et défendre l'utilisation durable.


Migralion : des connaissances inédites sur les oiseaux dans le golfe du Lion

Le programme Migralion, piloté par l’OFB, livre, après quatre années d’études inédites, une compréhension approfondie des migrations d’oiseaux terrestres et marins dans le golfe du Lion, en Méditerranée. Lancé en 2020 à la demande des ministères chargés de la biodiversité et de l’énergie, et financé à hauteur de 4,4 millions d’€ par l’État et les régions PACA et Occitanie, ce programme visait à combler un manque lacunaire de connaissances sur les déplacements de la faune volante en mer, un enjeu central face au développement de l’éolien offshore. Après trois années de suivis intensifs, et plusieurs téraoctets de données collectées, Migralion a permis d’identifier les espèces présentes, les périodes de migration et les zones privilégiées de passage, de nourrissage ou de repos. Les résultats montrent que les migrateurs terrestres, tels que les passereaux, concentrent leurs flux sur la partie ouest du golfe au printemps, tandis qu’en automne, toute la bande côtière élargie jusqu’à 50 km est utilisée. Les oiseaux marins, eux, fréquentent surtout la frange côtière durant la reproduction, avant de se disperser vers l’ouest du plateau du golfe en hiver. Ces connaissances inédites constituent une base scientifique essentielle pour évaluer les impacts environnementaux des futurs parcs éoliens en mer, et orienter les mesures d’évitement, de réduction et de suivi. Migralion met notamment en évidence des recouvrements entre zones migratoires et sites de projets éoliens, ce qui permettra d’affiner la planification des zones de développement d’ici 2050. Les résultats alimenteront également l’Observatoire national de l’éolien en mer et les plateformes de données de l’OFB. Le succès du programme repose sur des moyens technologiques innovants : radars côtiers et embarqués, suivis acoustiques, observations visuelles et balises GPS posées sur plus de 500 oiseaux de 18 espèces. Cette approche interdisciplinaire, réunissant chercheurs du CNRS, bureaux d’études et associations a permis de développer des modèles statistiques inédits utiles à l’écologie marine et terrestre. Migralion constitue ainsi une référence scientifique majeure, ouvrant la voie à une meilleure conciliation entre production d’énergie renouvelable et protection de la biodiversité méditerranéenne. (Photo OFB)