Dans un forlonger littéraire à faire claquer la mèche d’un fouet de vénerie, symbole de l’appartenance du piqueux à la meute, Louis-Gaspard Siclon, qui manie la plume avec une grâce infiniment plus raffinée que le piqueux ne manie sa badine, le décrit comme une perle rare : « un mélange de maître-chien, d’écuyer, de souffleur de cuivre et de diplomate rural, version Sologne ». Par ailleurs biographe talentueux du Marquis de Foudras, Louis-Gaspard brosse le portrait type du piqueux, dans un équipage de vènerie. Il écrit : « Ce personnage haut en bottes et la trompe jamais bien loin du souffle, est la figure emblématique du monde de la vénerie.
Le piqueux doit avoir tant de qualités réunies qu’il est bien rare d’en trouver un complet, et quand on en a un à moitié bon, il faut encore savoir s’en contenter, tellement ces gens-là sont recherchés... Imaginez un type capable de reconnaître un chien à 500 mètres, et de rameuter une meute comme un chef d’orchestre dirige un régiment de cavalerie, tout en gardant son cheval aussi calme qu’un notaire sous tranquillisant... ». Le comte Jean-Emmanuel-Hector Le Couteulx de Canteleu, qui fut l’un des plus fameux veneurs du 19e siècle, précisait lui, les responsabilités de celui qu’il nommait « le chef de meute ». Il cite : « Dans une demande d’emploi, un candidat s’est présenté ainsi : poids léger, sonnant de la trompe, bon valet de limier, sait très bien soigner ses chiens et chevaux, et... ne jamais se griser... ». Durant l’inter-saison, période des accouplements et des échanges de lices ou d’étalons, le piqueux règle le ballet amoureux, avec l’espoir de faire naitre ceux qui remplaceront, quelques années plus tard, les chiens les plus célèbres de l’équipage. Et en période de chasse, il est sur tous les fronts. C’est ça, un piqueux. Pas tout à fait domestique, pas tout à fait noble, mais indispensable...
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